2015 PROJECT: VILLA KUJOYAMA

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     En  2015, j’ai tenté de réaliser un projet de recherche  en résidence à la Villa Kujoyama -Institut Français avec l’artiste Aline Putot-Toupry. Inspirée par le modèle de la Villa Médicis à Rome, la Villa Kujoyama, construite en 1992 par l’architecte Kunio Kato sur la montagne d’Higashiyama à Kyoto, est l’une des 5 antennes de l’Institut français du Japon. C’est une résidence qui accueille des artistes et créateurs confirmés déjà inscrits dans une démarche professionnelle. Ce projet s’inscrivant dans notre parcours de vie, nous n’avons pas remporté cette résidence mais cela nous a permis une réflexion approfondie sur notre création et nos aspirations artistiques.

Voici la thématique que nous avions proposée :

Objet : Thèmes de recherche et nature des travaux

    Le thème est celui de MOMIZU, qui signifie changer de couleur en japonais. Il s’agissait pour nous de”changer la couleur d’un certain regard occidental“.

Thèmes de recherche:

       En octobre, les feuilles des érables sont particulièrement spectaculaires au Japon. Depuis l’époque Heian est célébrée momijigari ‘’la chasse aux érables’’, qui se répandit dans le peuple à l’époque où Tokyo s’appelait encore Hedo et qui consiste en excursions en des lieux réputés pour la beauté des momiji, les  feuillages rougis des érables : Des feuilles d’érables dérivant au fil de l’eau forment un thème connu sous le nom de Tatsutagawamon en référence à la rivière Tatsuta dans la région de Nara. C’est au bord de cette rivière que les premiers aristocrates  japonais allaient admirer les changements de couleurs des érables japonais.
Le mot  momiji serait  dérivé du mot momizu.
Dans le Japon ancien momizu, qui signifiait d’abord changer de couleur, en est venu à signifier tourner au rouge ou au jaune.
La palette naturelle des couleurs de kôyô sont des rouges qui évoquent non seulement le disque solaire du drapeau national (nommé Hinomarasu ou Nisshoki) mais aussi la princesse Amaterasu, une divinité solaire du shintoïsme. Nous faisons également référence aux laques traditionnelles rouges à base de sève d’urushi, l’arbre à laque, auxquelles nous rendons hommage dans notre création avec le filtre de notre lecture occidentale.
Telle la main droite
d’une sage-femme
la feuille d’érable  en automne.

Matsuo Bassho (1644-1695)

Les érables auraient été appelés momiji parce qu’ils étaient représentatifs des arbres qui changent de couleur en automne.
L’automne a inspiré de nombreux poètes japonais qui essayaient de transcrire la beauté du paysage dans leurs Haiku ou Tanka :

Hito bito no                                         Feuilles multicolores;
Tsumi sore zore ni                            Chacun vient au temple avec
Tera momiji                                          Ses propres péchés.

Auteur non connu

Nature des travaux :

     Développer des œuvres ayant comme thématique Kôyô. (thématique de ” la feuille rouge” ). Notre étude portera sur la nature polymorphe de l’automne, que ce soit dans les formes, les matières ou les couleurs, et dont la tradition japonaise voit la concrétisation la plus sublime dans les feuilles de ginkgos et d’érables. Nous travaillerons sur le dessin de ces feuilles, sur ce qu’elles évoquent ainsi que  les émotions qu’ elles suscitent, et enfin sur leur sublimation esthétique dans une nouvelle architecture. Comme l’on fait  les ornemanistes Gréco-romains, Egyptiens, Byzantins ou  du Moyen Orient. Il s’agira pour nous de retranscrire et décliner avec nos techniques traditionnelles les feuilles d’érable ou de ginkgo comme des ornements tout-à-fait à part.
En sculptant,  gravant,  laquant ces feuilles en vernis Martin avec des terres naturelles rouges et de l’or du Japon et de France, nous façonnerons  comme une passerelle artistique entre les deux pays. A l’image des humains, elles seront  toutes différentes et donc uniques  dans leur traitement plastique. C’est en tentant de dégager leur essence que nous partagerons et retranscrirons l’émotion que  suscite kôyô chez  les japonais lors de la célébration du passage à l’automne.

Voir notre article sur le poème